Faïna
Faina Savenkova est née en 2008 à Lougansk, dans le Donbass.
Elle commence à écrire en 2018, afin de participer à un concours littéraire lui permettant de rencontrer son écrivain favori.
Elle prend goût à l'exercice, jusqu'à devenir l'auteur d'essais, de nouvelles, de pièces de théâtre, de contes... sur les enfants, la guerre, le monde fantastique, la vie...
À la suite de sa participation à la première édition du festival de littérature de science-fiction « Étoiles au-dessus du Donbass » en 2019, elle se lie d’amitié avec l’auteur russe Alexandre Kontorovitch, avec qui elle écrit son premier roman Ceux derrière ton épaule.
Ses textes, traduits dans de nombreuses langues, attirent l’attention du public tant russe qu’à l’international, ce qui lui a déjà valu plusieurs prix littéraires et récompenses, mais aussi des menaces pour sa vie, puisqu'elle est fichée depuis l'âge de 12 ans sur le site Mirotvorets, qui liste « les ennemis de l'Ukraine à abattre ».
Malgré différentes interventions, dont celle de l'Unicef, rien n'y fait.
Signalons que des personnalités françaises de la politique et des médias y sont aussi inscrites.
Presque chaque nuit, je sors et je regarde le ciel étoilé.
Le silence règne tout autour. La ville se repose en dormant.
Ce n’est qu’au loin que j’entends le fracas des canons.
En écoutant, vous devenez calme. C’est loin… Je vis comme ça depuis six ans.
Quand la guerre a commencé, j’étais trop jeune pour penser que quelqu’un souffrait. Que pouvez-vous comprendre à cinq ans ? Vous pouvez vous souvenir, mais vous ne pouvez pas comprendre et ressentir pour les autres. Mais le temps passe. Je grandis. J’ai peur non seulement pour moi, mais aussi pour les autres.
Les parents regardent les informations où la même guerre est montrée, et je me rends compte que nous sommes semblables aux enfants de Syrie. Nous sommes tous les enfants d’une grande guerre. Mes amis journalistes m’ont raconté que dans un orphelinat en Europe, une femme syrienne lit des contes de fées aux enfants orphelins.
J’écris aussi des contes de fées et je les raconte à tout le monde, parce que je sais que la guerre ne peut pas durer éternellement, comme la pluie qui se termine toujours pour laisser place à un soleil radieux.
Et bien que nous, enfants vivant en temps de guerre, nous nous habituions aux explosions et aux morts, nous continuons à croire aux contes de fées, parce que la magie nous permet de ne pas baisser les bras, en nous donnant l’espoir de la paix. Jusqu’à présent, que de l’espoir, parce que la vie, contrairement à mes histoires et à celles de cette femme syrienne, peut être injuste et cruelle. Mais je continue à sortir tous les soirs pour regarder le ciel étoilé.
Je crois que mes rêves peuvent devenir réalité.
Peut-être y a-t-il une fille comme moi à Damas ou à Alep qui croit aux contes de fées et les écrit pour les enfants du Donbass.
Et peu importe à quel point elle est effrayée, elle raconte son histoire magique. Et tant qu’elle résonne, le monde vit dans l’espoir.
Почти каждую ночь я выхожу и смотрю на звездное небо.
Вокруг царит тишина. Город отдыхает во сне.
Лишь вдалеке слышу грохот пушек.
Слушая, вы успокаиваетесь. Это далеко... Я так живу уже шесть лет.
Когда началась война, я был слишком молод, чтобы думать, что кто-то страдает. Что вы можете понять в пять лет? Вы можете помнить, но вы не можете понять и сочувствовать другим. Но время идет. Я взрослею. Я боюсь не только за себя, но и за других.
Родители смотрят новости, где показывают ту же войну, и я понимаю, что мы похожи на детей Сирии. Все мы дети большой войны. Мои друзья-журналисты рассказали мне, что в приюте в Европе сирийка читает детям-сиротам сказки.
Еще я пишу сказки и рассказываю их всем, потому что знаю, что война не может длиться вечно, как дождь, который всегда заканчивается, уступая место яркому солнцу.
И хотя мы, дети, живущие во время войны, привыкаем к взрывам и смертям, мы продолжаем верить в сказки, ведь волшебство поддерживает нас, даря надежду на мир. Пока только надежда, потому что жизнь, в отличие от моих рассказов и рассказов этой сирийки, бывает несправедливой и жестокой. Но я продолжаю выходить каждую ночь, чтобы посмотреть на звездное небо.
Я верю, что мои мечты могут сбыться.
Может, в Дамаске или Алеппо есть такая девочка, как я, которая верит в сказки и пишет их для детей Донбасса.
И как бы ей ни было страшно, она рассказывает свою волшебную историю. И пока он звучит, мир живет надеждой.
Le livre écrit par Faïna